Henry Le Bal ?
Henry Le Bal !
- Q. : Qu’est-ce qui vous fait écrire ?
- H.L.B. : Un questionnement : Si le Verbe s’est fait chair, qu’est-ce que la littérature ?
En effet, ou bien cette histoire de Verbe est une réalité, et dans ce cas notre civilisation et tous ses chefs-d’œuvre ont une destinée ; ou bien tout ceci n’est qu’une fiction, et alors notre civilisation comme toutes les autres, est mortelle.
Dans cette seconde perspective, lorsque la fiction du Verbe n’aura plus de sens pour personne, notre civilisation disparaîtra.
- Q. : Dans cette alternative, où vous situez-vous ?
- H.L.B. : Je crois qu’il y a dans l’acte d’écrire lui-même la réponse à cette alternative. Écrire, c’est chercher à savoir ce qu’il y a dans les livres. Et au cœur des livres, il y a un non-écrit qui nous parle. Et ce non-écrit s’appelle la charité.
L’histoire des chefs-d’œuvre de notre civilisation est en fait celle du dévoilé d’une parole qui est charité.
- Q. : Et aujourd’hui, Une heure et quart ? Comment l’idée de cette pièce vous est venue ?
- H.L.B. : Une heure et quart c’est la durée moyenne d’un spectacle comique représenté aujourd’hui. C’est un formatage qui s’inscrit dans notre culture dite du «zapping ». On vient de monter par exemple Hamlet au théâtre de la Colline en 1heure 20. L’idée m’est venue d’utiliser ce temps imposé sur le rapport de la pensée à l’éternité. Et quel plus beau sujet pour l’illustrer que le geste de saint Thomas, incrédule, franchissant par sa main la chair du Fils ressuscité. Un sujet très renaissance italienne en peinture, mais jamais abordé en littérature.
- Q. : N’est-ce pas un sujet trop exclusivement religieux pour l’époque ?
- H.L.B. : L’incrédulité comme sujet de l’époque ? Beau sujet. Mais mon propos n’était pas là. Il s’est agi de partir du thème du geste de saint Thomas, et de construire une pièce qui serait le spectacle d’une répétition de comédiens et d’un auteur, travaillant aujourd’hui à la mise en scène de ce thème. Le rapport s’établit entre le temps et l’éternité. Le temps de la durée d’un spectacle et l’éternité d’un sujet. Si le point de départ s’inspire effectivement de l’Évangile de Jean, la forme même de la pièce se rapprocherait davantage d’une revisitation du théâtre de l’absurde, voir par la mise en abîme du théâtre baroque. Ceci dit j’ai toujours à l’esprit ce que Pierre Boutang m’écrivit en parlant de mon théâtre : c’est l’écriture du mystère moderne.
Q. : Quels sont les livres et les rencontres qui ont été pour vous décisives ?
- H.L.B. : En attendant Godot de Samuel Beckett. La phrase de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde ». La rencontre avec Pierre Boutang. Celle avec le Prince Jean de France.
Henry LE BAL vit à QUIMPER (Bretagne) et partage son temps entre l'écriture et ses spectacles.
voir aussi bio et biblio sur henry-le-bal.monsite.wanadoo.fr